Composée en plein pendant la période « Sturm und Drang » du compositeur, la Symphonie « La Passione » de Haydn emprunte un chemin formel inhabituel, s’ouvrant sur un Adagio tourmenté et plein d’interrogations, avant d’enchaîner sur un Allegro furieux et tempétueux. On retrouve là la structure Introduction-Allegro chère au style classique, sauf qu’ici, l’introduction est un mouvement à part entière, et fait deux fois la taille de l’Allegro qui le suit !
Sous le Stabat Mater de Rossini se cache une décennie de doutes et de remises en question. Son ouverture anormalement tragique, quand on connaît le compositeur du Barbier de Séville, a de quoi surprendre. En 1829, son Guillaume Tell, qui lui avait demandé tant d’efforts, est un semi-échec. Rossini sent que la mode est désormais aux grandes fresques historiques, qui ne l’intéressent guère. Ayant perdu avec la Révolution de 1830 son statut de compositeur du roi, s’étant séparé de sa compagne, la cantatrice qui était de tous ses succès, Rossini renonce à l’opéra et compose ce Stabat Mater angoissé, presque funèbre. À la fois sensuelle et sacrée, l’œuvre explore la douleur de la Vierge d’une manière à la fois lyrique et dramatique. Le « Cujus animam », interprété par le ténor, rappelle les moments les plus éclatants des opéras de Rossini des années précédentes. Lors de sa première à Bologne, sous la direction de Gaetano Donizetti, l’œuvre eut un tel succès que le compositeur a été accueilli par plus de cinq cents admirateurs enthousiastes qui l’ont escorté jusqu’à chez lui.